2021 Défaire les murs et aller

discernement, l’identification et une attention impartiale, de corps à corps, il repère et saisit en chacun de nos corps les mouvements, les postures, les crispations, les habitudes et les tensions qui résultent du bagage importé, acquis, hérité ou reçu d’une part, et d’autre part les expressions, gestes, élans, pauses, qui manifestent déjà une aspiration spontanée et une réceptivité de la conscience propre au corps à la Vérité ; son étude de chaque corps est discrète, assidue, patiente, jusqu’à ce que s’établisse une familiarité, une connaissance directe qui lui permet alors de retracer devant nous, comme un mime profond et détaillé à la fois, la condition corporelle présente de chacun de nous. C’est d’une grande aide, multipliée par le partage ouvert et dédié qui nous anime ensemble. D’ailleurs, tout à l’heure, Gomat a mimé pour moi un évènement qui m’est cher, c’est comme un souffle de joie qui me redresse et m’allège, le même qui survint lorsque toi et moi nous sommes rencontrés la première fois : j’étais à peine adolescente, assise sur la grève alors que revenait la marée montante et, soudainement, je n’étais plus seule ; j’ai tourné la tête et tu étais là, debout silencieux à ma droite. Cette entreprise d’observation et de communication n’est pas anodine : elle nous assiste dans notre quête de réceptivité à la vraie conscience dans la matière, dans notre offrande de toute la lourdeur obscure – qui semble infinie – de la subconscience géné rale et commune à toute l’espèce humaine. Quelques corps seulement peuvent-ils être libérés de ces chaînes et de cette inertie réfractaire ?

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