2021 Défaire les murs et aller

Troisième mercredi

Ce matin, Cleïm, l’aîné de notre assemblée, est tombé.

C’est Sémion qui l’a trouvé, étendu sur le gravier de l’allée qui mène a u potager, juste après l’aube et, immédiatement, il a su lui écarter les bras, l’allonger bien à plat et libé rer son torse, aligner sa nuque en glissant sa chemise roulée sous sa tête ; après quelques mouvements assistés, le souffle est revenu, son visage s’est ravivé ; un autre frère était également arrivé, alerté par l’étrange cri de Sémion, et s’est agenouillé tout près, sans intervenir ; il a vu trembler les paupières de Cleïm, puis une grande et forte respiration emplir sa poitrine, et ses yeux s’entrouvrir et, reconnaissant l’enfant, tout son visage s’éclairer. révolte ; tu me vois me débattre, tu es plus sage, mais tu n’acceptes pas plus que moi cette démission forcée de nos organismes ; pourtant nous ne voulons aucunement demeurer indéfiniment tels que nous sommes, selon les lois physiques prévalentes : ce n’est pas d’une prolongation que nous nous sentons floués, mais de la possibilité vivante d’un progrès ininterrompu, ou inconditionnel, d’un progrès qui ne soit pas constamment menacé, compromis, assujetti ; cet esclavage sous la contrainte de la dégradation, de l’inéluctable déclin, est si contraire à la vérité intérieure, comment l’accepter, par quel stratagème psychologique ou moral peut- on jamais s’y soumettre, lorsque l’on a retrouvé la vie de l’âme ? La précarité de nos corps : toujours je veux l utter contre l’usure, son activité sournoise de sape et d’hypnose sous -jacente me

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