2021 Défaire les murs et aller
Neuvième mercredi
Lorsqu’on est assis comme cela tous les deux devant l’océan, c’est toute l’histoire qui disparaît : aucune marque n’y rappelle, ni la couleur du lichen sur le roc, ni l’éclatement de l’écume ni les cris des oiseaux ni le souffle du vent n’y ont trait ; seules nos mains jointes portent les signes et les griffures de l’usur e. Et pourtant, même cela, cela en soi, peut durer sans que jamais la gratitude ne s’éteigne – peut-être est-ce dans la mesure où les hommes veulent se sentir exister comme des entités séparées et distinctes, que la fatigue, la lassitude, la déperdition et le besoin de changement doivent intervenir et, avec la mort, nourrir l’histoire. J’ai décidé de relire ces notes, en priant pour trouver la juste distance et le discernement qui m’indiquera le pas d’après, s’il y en a. Et déjà , dés les premières pages, deux choses m’apparaissent évidentes : la première est que j’en avais très clairement besoin pour me réaligner, car je longeais le « péril des lamentations » de trop près ! Et la seconde est que, d’une manière que je ne saisis pas encore, cette activité a contribué à un rassemblement de nos énergies, à une confirmation de notre engagement. Mais ce qui me frappe le plus est que cela semble avoir eu un effet à la fois de tamisage et d’éclaircissement, comme lorsque l’on règle des j umelles ou un télescope ou simplement le focus Je divague, probablement !
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