2021 Défaire les murs et aller

Neuvième lundi

Ce matin, le premier d’une semaine nouvelle, après l’exercice – il faisait bon et presque sec et même les vagues claquaient rythmiquement sur les rochers des éboulis, des deux côtés de la falaise, a marée presque haute -, et après s’être goulument restaurés, à l’heure des questions du jour, Faucon a levé la main et donné voix à une interrogation qui souvent me lancine. « Ben, c’est une grosse question, je crois, mais ça brûle, on voit et on entend, à la télé, aux nouvelles, par des reportages, des documenta ires, que plein de choses, d’actes monstrueux arrivent chaque jour dans ce monde, et ça donne souvent l’impression que ceux qui sont responsables, ils trouvent que c’est leur droit, comme si, parce qu’ils sont humains, ils sont supérieurs et ont tous les d roits… mais il y a pas besoin d’aller loin, l’an passé on avait amené toute la classe visiter un centre d’élevage industriel et là, comme c’était la règle de traiter les animaux, je sais pas, j’ai pas compris, c’était normal, ils disaient, c’était l’avenir, c’était le progrès – et c’était si horrible que je suis resté dans mon lit une semaine… alors ma question, c’est, comment on peut faire pour être tous unis quand tant de gens sont satisfaits en même temps que tant d’autres souffrent et sont désespérés, quand des gens ont « le droit » d’être pire que des machines… ? » Oui, cette interrogation perdure au travers des années et devient comme une plaie qui ne guérit pas dans ce monde abîmé : comment, de quel droit, peut-on souhaiter voir disparaître certains comportements, selon quel critère ou quelle loi peut-on espérer qu’ils cessent de se manifester ?

Des droits, il y en a – le terrain est fertile, ils poussent de tous côtés, le droit à la différence, à la libre expression, à la

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