2021 Défaire les murs et aller

matériel – mais il n’y a qu’ici que je peux y faire allusion, sans m’exposer à la commisération !

Enfin, bon, dans ces notes, je me déleste de toute réserve !

D’ailleurs, je voulais bien être plus explicite à propos de cette affaire de « genre » : car c’est un curieux sentiment que j’ai eu en écrivant, un peu plus tôt, au sujet de ce « frère infaillible », le sentiment que ce terme était juste un peu trompeur, ou infidèle, dans la mesure où, là, au centre du cœur, il n’y a plus de « lui », il n’y a plus d’ « elle », et pourtant ce n’est ni « neutre » ni indifférencié, c’est à la fois libre et capable de s’investir sans recul comme ceci ou comme cela. Ainsi, cela me convient d’être femme, tant que c’est auprès de toi, parce qu’avec toi c’est grand et c’est profond et c’est libre et je sais que toi- même peux devenir femme si telle est l’harmonie du moment ou de la vie présente et ainsi, nous ne sommes liés par aucune position et notre choix d’être ainsi homme et femme est entier. Et cette liberté d’engagement, justement, était exprimée par la danse des trois, hier soir : donc, à nouveau l’âtre carré du brasier nous a rassemblés, mais cette fois-ci nous étions réunis sur un demi- cercle face au feu, tandis que de l’autre côté, de part et d’autre se tenaient Gan et Gaur, chacun serrant un brandon bien droit enduit de résine, tous deux vêtus de robes d’un gris clair presque diaphane pour se fondre dans l’air ; entre eux, vêtus d’ensembles moulants d’un rouge profond et portant aux poignets, aux chevilles, au cou et au front des anneaux tressés de perles étincelantes, attendaient Gomat, Sémion et Loïs ; alors Gan et Gaur se sont approchés du feu et y ont allumés les brandons, puis se sont reculés un peu, les tenant bien verticaux

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