2021 Défaire les murs et aller

Le hatha-yogin seul avec son propre corps dans son espace de silence, comme le physiciste seul avec ses facultés mentales dans son laboratoire doivent respecter les mêmes règles de conduite : observer, noter, essayer, supposer et vérifier, encore et encore, jusqu’à ce qu’un procédé soit iden tifié, réplicable et que l’on soit assuré des mêmes résultats ou effets dans les mêmes conditions. Dans les deux approches, il y a une joie pure, désintéressée, impersonnelle, dans la recherche comme dans la découverte. Dans les deux approches vient un moment où une autre perception, une intuition, un message – subliminal ou supra rationnel – interviennent et permettent de franchir un seuil. L’on entre dans l’inexploré, l’on est habité d’un nouveau regard sur le monde. Mais c’est pourtant là que les choses se compliquent car, et cela semble inévitable, la question se pose de l’usage que l’on va faire de cette compréhension, de cette connaissance : après tout, connaître, n’est -ce pas pouvoir faire ? Déjà, le fondement de l’approche initiale dicte l’étendue et la gamme des choix qui vont se présenter au chercheur : lorsque le fondement et l’intention première sont le besoin de parvenir à l’union consciente avec la source de tout ce qui est, il n’y a qu’un chemin de réponse intègre, qui est la réalisation progressive et de plus en plus intégrale de cette union, jusqu’à l’abdication de l’ego et sa disparition, ou la transformation de toute la nature instrumentale au service de la conscience véritable, et tout manquement à cet engagement central produit un grave déséquilibre et autorise l’ambition spirituelle et tous ses méfaits . Jusque là, tout va bien.

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