2021 Défaire les murs et aller

le spectre de la mort physique : alors cette figure d’un dieu tout - puissant indifférent au sort de sa création mais s’amusant de l’impossible dilemme où il l’a plongée, ce To ut Un que rien ne peut affecter puisque toutes les possibilités coexistent en Lui à jamais, ce Seul Existant pour qui les éons comme les instants sont des positions que prend la conscience pour la seule joie de l’expérience, ce Rire sans mesure qui se joue de l’illusion de ce qui se croit séparé et qu’il peut ravaler, voilà sa plaisante rie : « A h, vous avez voulu devenir les maîtres de l’univers et voyez comme vous-mêmes trouvez les moyens de vous détruire ! »

Et, derri ère ce Rire, vibre l’appel : « Ne voulez-vous donc pas apprendre à aimer ? »

J’ai de longue d ate une querelle avec les pensées et les mots et, plus il me devient possible de percevoir la différence essentielle entre la conscience et la pensée, plus m’apparait ridicule et « déplacé », pire qu’ une arrogance sacrilège, bien pire que la présomption de l’ignorance, toute tentative d’attribuer quelque « qualité » ou caractère que ce soit au « divin ». Je voudrais dire qu’on ne peut Le connaître qu’en Le devenant, mais même cette formulation me fait comme honte. Car de quelque manière qu’on s’y prenne, si l’on demeure honnête et lucide, l’on arrive bientôt à l’Indicible. Dans mon expérience, les couleurs sont plus sûres que les mots : avec elles, on ne peut tricher ; prenons le gris : il y a le gris infiniment raffiné, légèrement argenté, spacieux et contenu à la fois, de l’humilité, et il y a le gris de la confusion plus épais, comme un masque.

Ainsi vont les couleurs, on ne peut y tricher ni copier ; c’est ce que j e m’apprête à inculquer, ou enseigner, ou démontrer.

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