2021 Défaire les murs et aller

Cinquième jeudi

D’aucuns diraient plutôt que l’ultime épreuve est celle de la mort, se référant probablement à l’évènement factuel de la mort du corps, de sa cessation, prélude à sa décomposition, et surtout de la disparition de la personne, son annulation soudaine – ne subsistant alors que dans les images et souvenirs abrités en d’autres personnes encore « vivantes ». Il n’y a plus de moi, plus de toi, plus des autres, il n’y a plus de monde, rien n’est plus ; ou bien, si l’on croit que la mort est une sorte de sommeil qui dure, et que l’on y devient incohérent et fragmenté et méconnaissable comme dans nos rêves – et il y a-t- il quelque espoir de rétablissement, de recomposition, de reformation d’une personne viable dans u n environnement viable, et dans quel but ? - , alors l’on peut redouter d’autant plus d’être dépossédé de la protection du corps et de l’identité physique. L’histoire humaine est une caravane de croyances, d‘idéaux et de terreurs et de bravoures et d’aventures, tous et toutes déjà condamnés sans appel. Et comment ce petit ego assemblé de-ci de-là, cette minuscule personnalité superficielle construite tant bien que mal et renforcée par l’habitude et le temps et le regard des autres, comment ce fétu de brins disparates, privé soudainement de son véhicule organique séparé, va-t- il survivre à l’immense chaos qui presse de toutes parts sur ce monde de conventions physiques conditionnelles ?

116

Made with FlippingBook Online newsletter creator