un autre choix

D’en essayer a pu nous paraître légitime : si l’ingestion d’une autre substance matérielle peut nous propulser dans des états nouveaux de la conscience et enrichir notre expérience et la vivifier, pourquoi faudrait-il s’en abstenir ? Si cette absorption peut nous permettre de franchir ces lourdeurs et ces inerties qui accablent notre conscience physique et nous amener à un état d’éveil et de réceptivité plus propice au progrès et au renouvellement, pourquoi, selon quel principe supérieur, devrions-nous nous en priver ?

Sans doute est-ce surtout, là aussi, une affaire de sincérité.

Car de tous temps, partout où les sociétés incluaient et intégraient en leur réalité collective la nécessité du développement de la conscience individuelle, toute initiation rituelle et guidée avait recours à l’appoint d’une substance ingérée pour défaire momentanément les barrières de la conscience de veille ordinaire.

Mais dans notre monde aujourd’hui, les démons du profit ont envahi la place.

Il faudrait s’assurer d’un environnement réellement dédié, de motivations réellement partagées, d’accompagnements éclairés – des conditions difficiles à réunir, faute desquelles l’on risque de s’exposer à une dépendance croissante et à des habitudes tyranniques qui nous éloigneront rapidement de nos propres ressources intérieures et nous réduiront à des ombres.

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Ce que nous pensions ou avions l’habitude de considérer comme « soi » se montre, dans cette nouvelle perspective, comme une famille mal unie et mal appareillée, dont les membres se querellent à propos de rien et rivalisent pour l’usage de la demeure, ou se refusent à tout effort et toute contribution.

Et il s’y trouve une sorte d’habileté, sinon de ruse, pour déjouer toute tentative plus centrale de réaliser une harmonie qui soit viable.

Ainsi nous devons apprendre à écarter ou à faire taire les voix qui imitent, les prétendants à l’inspiration : comme si l’énergie même de l’ego, de la séparation, cherchait à nous retenir, à empêcher ce retour à la source, ou à le retarder, ou à en dériver quelque avantage.

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