un autre choix

Comme une mémoire…

Il y a des instants, des gestes, des scènes, des actes qui, très soudainement et même avant que le cerveau ne les enregistre et les apprécie, élicitent du fond silencieux de la poitrine, un sanglot de reconnaissance.

Tel un souffle immédiat, du plus profond de nous, presque douloureux, cela monte à la gorge et emplit de larmes les yeux : c’est une réunion, c’est une gratitude, c’est une bouffée du Pays…

Peut-être est-ce le regard d’abandon et de confiance absolus d’un tout petit enfant.

Peut-être est-ce, spontané, imprévu, vibrant, sans calcul, nu, le cri, la clameur de soutien d’une audience ou d’une foule soulevée de son ordinaire.

Peut-être est-ce un acte de courage, de don de soi, de service.

Ces aperçus ont une telle présence intérieure que même leur conte ou leur récit suffit à évoquer cette réponse instantanée du plus profond de nous.

Comme si un autre être, un autre soi, se tenait là juste en arrière, invisible, inconnu, normalement imperçu, mais attentif et observant tout – comme un autre soi-même, le plein de notre vide, l’amour qui nous manque. Et ce que sont ces aperçus, ou ce qu’ils ont en commun, est qu’ils nous emportent en cette seconde, telle une explosion de sens, à une dimension de nous-même et de l’existence où la mort n’a pas de pouvoir.

Ou la mort ne peut pas opérer : comme si, en cette présence, la mort n’avait plus de raison d’intervenir - comme si, ici, elle avait une raison d’être, mais plus là.

Ces instants chargés de présence, inattendus, ne s’effacent jamais.

Ils demeurent dans nos vies comme des marques lumineuses, des références qui continuent d’agir en nous à travers tout, comme les bribes d’une personne plus vraie.

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