un autre choix

Nous disons : oh, être affranchis de toute responsabilité, du devoir d’exister, être repris dans le Tout informe et sans nom !

Nous disons : oh, plutôt mourir maintenant !

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Nous sommes lourds parce que, séparés, nous avons à nous porter nous-même.

C’est le poids de la séparation qui oblige à l’effort.

Et parfois donc, nous souhaitons, appelons presque cette mort et, avec elle, la cessation de cette obligation asservissante, l’annulation de nos dus, l’effacement de nos responsabilités.

Que ce soit par le haut ou par le bas, par la renonciation au monde et l’extinction, la dissolution de la personne dans l’inconnaissable, ou par la chute emportée, la culbute animée du plaisir sensuel exacerbé, de l’ivresse, de l’intoxication, la prise de possession – il faut que cesse cette intolérable solitude !

Mais quand nous arrive-t-il de flotter, d’être soulevés et portés comme par une rivière infinie et infiniment sûre ?

Quand nous arrive-t-il, sans démission, de nous reposer vraiment ?

Notre vieille expérience d’être comme attendus, guettés par l’inertie à la moindre relâche de notre effort pour tenir droits, pour être humains - des personnes et non des magmas -, nous fait associer tout repos avec une perte de soi, une perte de contrôle, une défaite, une mise à terre.

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