un autre choix

Comme si tous les acteurs, tous, s’étaient rendus ici pour un dénouement dont l’issue nous est voilée.

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Il est bien possible que, sur le chemin de quête, certains s’avisent que telle condition de silence infini et de bienheureux équilibre, détaché de tout ce qui est du domaine de la forme, est bien supérieure et préférable à la nôtre et élisent de s’y établir. Cependant les révoltés, les bourlingueurs, ceux qui ont peut-être parcouru déjà beaucoup de cycles et séjourné en de nombreuses stations, ceux qui n’ont plus aucune ambition personnelle, ceux qui sont simplement et irrémédiablement épris du Suprême dans la Matière, ceux-là, donc, chercheront le chemin qui doit s’ouvrir ici-même.

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Et puis il y a aussi ceux qui étouffent, qui suffoquent, qui ne peuvent se plier aux normes et cherchent, cherchent le tunnel ou le ressort pour se réveiller de l’hypnose et jaillir à l’air libre – cet air souverain, cet air qu’il leur faut retrouver. Il y a ceux qui sont un peu absents, d’une absence indéfinissable ; ils ne se révoltent pas, ils tentent de leur mieux de ne pas gêner, ni offenser, mais ils souffrent d’avoir à endurer cette chape, cet habit d’humanité, le même sous toutes ses variantes, et attendent, attendent que leur soit enfin montré un travail, un sens, un chemin de délivrance ici-même. Il y a ceux qui ne mordent pas l’hameçon : ils le voient mais ne peuvent y répondre, car ils ne peuvent oublier d’où ils viennent mais ont perdu leur liberté, pris en otages, démunis, forcés de se conformer, sont-ils donc abandonnés ? Il y a ceux, inadaptables, qui doivent se faufiler entre les mailles et parfois échouent en rade et parfois dépistent les traces d’autres pas et se mettent en marche : qu’ils flanchent ou qu’ils avancent en aveugles, leur cri résonne et accomplit.

Il y a ceux qui rassemblent peu à peu les facultés accessibles pour les concentrer dans une étude minutieuse et respectueuse de toute l’aventure humaine, afin d’en dégager le sens

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