un autre choix

Dans ce processus de formation de la personnalité, le regard de l’autre joue un rôle considérable.

De même la répétition, attendue de l’autre et désirée par soi-même afin d’établir la stabilité et la continuité de notre identité personnelle, malgré le flux constant des influences, joue son rôle.

Ces tracés répétitifs forment peu à peu des ornières pour le passage de l’énergie constamment renouvelée : il nous faut être cette personne particulière avec ses caractéristiques reconnaissables et son comportement et il est bien entendu que nous resterons fidèles à cette image et ne la laisserons se modifier que selon les termes génériques des phases et des accidents de la vie humaine.

Nous jouons le jeu.

Jusqu’à la mort.

C’est entendu.

***

Ces ornières pourtant, si nécessaires, sont aussi les agents de l’usure.

Il y a déperdition : à mesure que se distancie le premier mouvement de puiser à l’énergie pour grandir et devenir, et que se cristallise une formation personnelle, l’élan de l’être vers l’avenir s’assagit et devient calculateur.

Il y a enlisement, étouffement, encombrement, fatigue.

Quel que soit le résultat, à nos propres yeux comme à ceux des autres, quels que soient nos succès ou nos déroutes, nos subterfuges ou nos offrandes, cette personnalité que nous revêtons et à laquelle nous nous identifions, qui devient notre bouée de sauvetage parmi les vagues et la houle du monde, devient aussi notre carcan.

Si chacun est ainsi en partie le créateur de la personnalité qui lui sert de passeport dans la société, chacun s’en trouve autant l’esclave et le prisonnier.

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