un autre choix

Qu’une réalité si concrète, si vivante, si ressentie, si éprouvée, si personnelle et si partagée à la fois, puisse être condamnée à l’entière disparition, n’est peut-être explicable que par un phénomène d’illusion.

Pourtant ce n’est pas la mort, de toute évidence, qui peut être considérée comme illusoire, puisque les conséquences de son intervention sont accablantes et absolument concrètes.

Ce qui était, n’est plus.

Ce qui vivait, a disparu.

Il ne reste qu’un organisme qui se décompose, ou des cendres, ou un squelette.

Mais la vie, elle, peut-elle être considérée comme une illusion ?

Non plus.

La vie, comme la mort, tant qu’elle dure, est indéniable, irréfutable et presque totalement convaincante : une fissure, une faille de doute altère, envahit sa beauté, par où survient la peur – la peur de la destruction.

Donc, nous en sommes venus à situer l’illusion dans la croyance que nous avons de notre propre existence séparée, que nous cherchons à préserver malgré la mort certaine et à laquelle nous sommes attachés et rivés comme à un pieu dans le champ de l’univers. Or, c’est précisément cet attachement qui, selon une observation très largement partagée, engendre la douleur et la peur et tous ces actes égoïstes qui nuisent au bien-être et à l’harmonie de l’ensemble. Il est donc généralement convenu qu’un certain effort individuel pour atteindre un relatif détachement, est une nécessité pour chacun au cours de son développement, d’un point de vue éthique.

Cette nécessité a été traitée différemment selon les religions et les philosophies les plus influentes, suivant leurs intérêts respectifs ou d’après les tempéraments collectifs concernés.

Que ce soit l’injonction à bien se conduire pour mériter l’accès à un monde de perfection, invisible de notre vivant mais promis, ou que ce soit l’admonition plus extrême et austère selon

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