un autre choix

Cette densité d’expérience agit comme un ancrage et nous oublions alors que la mort viendra : que l’accrétion que nous sommes, si complexe et capable soit-elle, n’est que temporaire et demeure ouverte à la destruction absolue de sa base physique et concrète – la seule base que nous connaissions, dont nous puissions vérifier la présence, ou la disparition.

A mesure de la diversification de notre expérience humaine et de l’accroissement de ses possibilités, nous avons pu chacun explorer différents modes de satisfaction – récompenses de nos efforts.

Car notre condition est telle que, non seulement notre existence même est condamnée, mais elle exige de nous l’acceptation de l’effort.

En effet, notre humanité physique ne semble être opérationnelle que si nous l’alimentons de notre effort : toute tâche demande un effort, tout objectif requiert une gestion soutenue de l’effort à fournir, les besoins du quotidien exigent l’effort et, ainsi, chaque satisfaction nous semble d’autant méritée. La question du bien-fondé de la satisfaction ne se pose que dans la mesure où l’élaboration et la transmission d’un espace commun ne semblent être viables que si chacun s’efforce de ne pas exiger sa propre satisfaction individuelle aux dépens du plus grand nombre.

C’est de cette nécessité que se forme le sens moral de la civilisation.

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L’énergie et la dépendance

Que nous croyions ou non que la conscience individuelle, ou son sens d’exister, continuent après la mort du corps matériel, ou étaient déjà avant sa naissance et sa formation, que nous

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