un autre choix

Normalité véritable

Peut-être sommes-nous tous, à y regarder de plus près, des inadaptés ?

Nous nous trouvons en effet, engagé dans cette transition malaisée entre un ego qui nous étouffe et nous trahit et un être plus grand dont nous retiennent encore nos désirs et nos attachements, comme démuni et désorienté devant les scènes du monde – ce monde « tel qu’il est ». Non seulement nous ne sommes plus convaincu, mais une étrange sorte de peine nous habite devant la magnitude de l’imposture : comment, et pourquoi, peut-on croire et accepter que telle serait, que telle doit être l’existence ?

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Que serait la vraie normalité ?

Ce serait celle d’un vaste corps solidaire, corps d’existence innombrable solidaire de chacune de ses vies individuelles, qui éprouverait la moindre détresse de la moindre de ses parts, de chacune de ses cellules conscientes, et y viendrait remédier instantanément.

Car il n’y aurait pas de distance entre le bien-être de l’ensemble et le bien-être de ses parts.

Oui, notre corps sait mieux que nous – que notre pensée, que nos émotions, que nos impulsions – ce qu’est l’unité.

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Le hurlement de la solitude, l’effroyable abandon, les ravages de la douleur sans recours, la terrifiante surdité de la distance – le gouffre de l’égoïsme et de l’ignorance de l’autre : et pourtant nous retrouvons parfois cette chaleur humaine, le crépitement du brasier qui réconforte, des bras qui s’ouvrent et du sourire qui s’éclaire.

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