un autre choix

Où est le ressort ?

Lorsque quelque chose d’infortuné s’est produit, nous pouvons nous tourmenter indéfiniment en nous remémorant les instants qui ont précédé : et si nous avions agi autrement plutôt qu’ainsi ? Car, si nous y prêtons attention, il nous faut admettre que notre volonté – cette force « locale » qui permet, initie ou interdit nos actions – n’est ni fiable ni dotée de connaissance réelle ou, du moins, d’un savoir suffisant.

Et la raison première de cette insuffisance est évidente : c’est que notre volonté est séparée, des autres comme du Tout, et préoccupée avant tout de ses propres priorités personnelles.

Sa connaissance du monde n’est en fait qu’un amalgame opportuniste de suppositions et de préjugés, d’information reçue ou glanée, de préférences irréfléchies et de vagues engagements.

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Nos cultures traditionnelles avaient pour l’un de leurs objectifs celui de limiter les dégâts que peut causer l’initiative individuelle ignorante, égoïste ou rebelle : pour ce faire, et avec l’aide intimidante d’une religion dominante, elles codifiaient la vie quotidienne de chacun à tel point qu’il ne restait pour ainsi dire plus aucune occasion pour l’individu de considérer, sinon un choix, du moins des options ou des alternatives.

C’est ainsi que la majorité des êtres humains ont longtemps abdiqué toute responsabilité individuelle – au-delà du milieu et des termes désignés à leur existence domestique.

Et aujourd’hui ce sont tous ces millions et millions d’agrégats individuels qui sont mis en pâture et, pareils à du bétail aliéné de son environnement, souillent la Terre entière.

Ce gouvernement par la peur a fonctionné durant des âges, sous une variante ou une autre, chacun craignant et redoutant les conséquences de toute incartade, entorse ou contravention de ces règles sacralisées qui sillonnaient l’existence – et, dés lors, qui demeurait assez hardi ou intrépide pour remettre en question l’ordre établi, ou chérir en secret une foi plus aimable ?

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