un autre choix

L’aspiration à servir

Le mouvement premier de cette présence qui affleure, est de se donner.

C’est un mouvement qui transcende le temps : qui ne commence ni ne finit nulle part.

C’est un hymne, une danse, une offrande à chaque fois sans pareille, qui ne connait ni hâte ni crainte.

Mais ce don ne peut se faire là où subsistent la moindre duplicité, la moindre contradiction, la moindre peur.

Car cette nature peut être guerrière, elle peut s’engager au combat – contre la mort et contre l’ignorance, cette coalition qui veut nous garder prisonniers et dévorer la Terre et le chemin du Seigneur.

***

L’existence humaine, la vie de l’être humain, la condition humaine, telles qu’elles demeurent, ne suffisent pas à cette nature.

Même l’expérience humaine la plus riche, la plus accomplie, la plus raffinée et la plus variée, lui paraît encore pauvre et superficielle.

Il n’y a, parfois, ici ou là, qu’une certaine sorte de détresse, un certain cri d’appel, ou une certaine qualité de témérité irraisonnée mais entière, qui lui paraissent réels – comme issus de cette plénitude vibrante qui doit venir. Et, en regard de nos possibilités relationnelles, cette nature n’est aucunement morale : ainsi, ce n’est pas tant notre goût de la sexualité – légitime à bien des égards – qui peut l’écarter, que notre propension au retour sur soi, à l’inertie et à la mort du sens, notre incapacité à nous maintenir dans un état d’éveil et de don et, bien souvent, notre sujétion à une voracité pour laquelle rien d’autre n’existe que la prise de sa satisfaction.

C’est la pesanteur de notre égoïsme – cette contraction momentanée à la surface d’une vaste subconscience.

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