un autre choix

***

Créatures physiques, nous sommes encore, par le principe de fonctionnement de nos organes corporels, des animaux.

En tant qu’espèce animale, nous sommes devenus de loin la plus ingénieuse : nous avons finalement trouvé les moyens de dominer toutes les autres.

Notre fierté, ou notre orgueil, de prédateur supérieur, s’exprime sur toute la terre, mais l’équilibre des espèces est rompu.

Et nos prédateurs, ceux qui peuvent nous détruire ou nous décimer, sont des organismes infinitésimaux, tels des virus ou des amibes – et les fléaux et les épidémies -, ou des dérèglements et désordres cellulaires, tels les cancers.

Ou bien ce sont nos diverses « maladies » qui résultent de nos excès individuels, ou collectifs.

A moins que nous ne soyons nos propres prédateurs, par nos guerres et nos massacres et nos exterminations.

Pourtant, il semblerait que nous préférions, en tant qu’espèce, déjouer nos propres sauvegardes et entraîner toutes les autres espèces naturelles dans le néant, par notre prolifération exponentielle qui viendrait à bout des ressources de la Terre.

***

Notre espèce est la seule à faire l’expérience physique, non seulement de la complexité, mais de la contradiction et de toutes ses conséquences.

Nos corps éprouvent ainsi mille douleurs, mille plaisirs et mille angoisses et mille versions du « mal-être », marques de notre état de civilisation, qu’aucune autre espèce physique terrestre ne ressent, bien que ces animaux qui partagent notre intimité perdent peu à peu leur immunité naturelle et contractent bientôt certaines de nos maladies, tout comme certains de nos sentiments peu à peu les investissent.

121

Made with FlippingBook flipbook maker