journal d'une transition
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continuait de ma « faire envie » - et cela n’a pas cessé ! J’ai toujours autant envie de fumer – simplement, ce n’est pas un problème si cela ne se présente pas. Je ne sais pas si je dois m’engager à ne plus fumer du tout, ou bien si je puis essayer de reprendre tout en gardant une modération, que j’avais perdue… Il me semble que, là comme partout, ce qui compte réellement est la liberté : ne pas être lié, dans sa condition intérieure, à aucun de ces « plaisirs » ou de ces « besoins »… *14-6-2002, Pondichéry : C’est la première nuit, depuis un mois, où j’entre dans le sommeil – en plusieurs tranches distinctes, avec les activités correspondantes, presque comme des tranches de civilisations. Il y a une sorte de détente dans le corps. Et la mesure de tout ce qui est encore à recouvrer, d’une « convalescence » encore en cours. Je crois que je dois rester ici encore plusieurs jours – rentrer ce dimanche à Auroville, à « Sincérité », comme je l’avais d’abord pensé, semble prématuré. Je dis en plaisantant que je suis maintenant « addicted » - attaché comme à une drogue – à regarder l’océan. Mais c’est un peu vrai. La mer, en fait, m’avait beaucoup manqué : cette possibilité physique de se plonger dans une infinité mouvante, changeante, une infinité de beauté. La question commence à se poser devant moi : dois-je reprendre le même travail au Matrimandir, ou vaut-il mieux que je reste encore comme en marge pour quelques temps ? Ces jours qui me sont donnés ici – puissent-il contribuer à devenir - : ce n’est même plus une question de « changer » ; bien sûr, toutes les positions sont à changer ; mais, se fondre en avant, se donner dans un mouvement de devenir, où c’est Cela qui est un peu plus, au lieu de « soi-même »… *15-6-2002, Pondichéry : Cette histoire d’Alexandre, en trois volumes, que je lis à petites doses depuis des semaines, est plus que remarquable. Et pourquoi a-t-il fallu que ce soient ces livres qui m’accompagnent dans toute cette expérience ? (Un professeur de l’Ashram, Kailashda, un homme qui a probablement mon âge ou un peu plus, était hospitalisé dans la même chambre que moi pendant mes derniers jours dans le Nursing Home ; il me disait que pour lui j’étais évidemment, où il y avait évidemment en moi, quelque chose d’Alexandre, ou qui avait été en relation avec Alexandre ; il disait cela avec un sérieux et une profondeur intérieurs, certain d’une connexion … ; mais, c’est une sorte de mode dans l’Ashram !). Toutefois, je suis impressionné par le nombre de fois où les émotions évoquées par l’auteur – biographe romancier – trouvent un écho si immédiat en moi que j’en pleure. C’est une œuvre magnifique ; très bouleversante. Le ciel se charge de nuages un peu plus densément chaque jour et, vers le soir, quelques gouttes sont tombées. Je ne suis pas encore prêt à rentrer. Ce processus de rétablissement, de retour de l’énergie, est vraiment comme une renaissance – il y a toute une fragilité, in besoin de calme, et de temps. Que ce soit harmonieux, que ce soit physiquement, matériellement harmonieux… ! C’est encore comme si l’organisme était profondément troublé, et ne savait plus comment assimiler ce qui lui est nécessaire ; je ne me suis jamais nourri si
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