Un Parcours
poussent vers la plaie chaque jour, et chaque jour je crie un peu moins. Il est convenu, enfin, que nous quitterons les lieux le mardi 13 Juin, en fin de matinée. Aurevan s’occupe une fois de plus de tout régler avec ma carte bancaire - tout cela aura coûté près de 3 lakhs – ainsi que de nous ravitailler en bandes stériles, onguents et autres nécessités. Pour le retour , il n’est guère envisageable, en pleine chaleur, que je doive me tenir sur une moto ; on peut appeler un taxi, connaissons- nous quelqu’un qui dispose d’une voiture : là, Aurevan me surprend : Lakshay, son compagnon honni des Auroviliens et de tous les proches et amis d’Aurevan, serait prêt à venir me chercher avec sa voiture personnelle ! Je suis pris d’u n fou-rire : le comble de l’ironie, Lakshay qui a diligemment, jour après jour depuis près de deux ans, dénigré, insulté, moqué, sali, bafoué, vicié, pollué, démoli, miné, avec le plus grand plaisir et la satisfaction la plus éhontée, comme avec l’intelligence et l’instinct qui sont l’apanage des voix adverses e du censeur interne de tout sadhak, Lakshay, poli et calme et sûr de lui, dont le comportement correspondrait sans doute à celui d’un « pervers narcissique » selon les critères acceptés de la psychologie contemporaine, Lakshay que beaucoup perçoivent comme ayant pris Aurevan sous son emprise, eh bien, oui, il sera mon conducteur sur le chemin du retour ! Je n’ai pas d’animosité à son égard, et je peux comprendre en quoi il séduit Aurevan si intenséme nt qu’elle peut nier tous les reproches et toutes les critiques et, sous prétexte d’objectivité, se rallier aux vues de Lakshay et défier ce qu’elle considère comme un ostracisme malhonnête à son propre égard, comme si elle avait trahi Auroville…
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