Un Parcours

On voudrait parfois que tout s’arrête en même temps po ur tous – comme une petite mort générale et momentanée : juste le temps de lâcher prise, d’assimiler, d’intégrer et de retrouver l’élan de progrès et la qualité du don de soi initiaux… Au lieu de cela, l’un ou l’autre quitte le corps, les boucles se poursuivent, le bruit de nos réactions emplit l’attention, tout est avalé dans le grand ventre de la vie ordinaire, et même cette occasion unique et tant anticipée se résume à un défilé d’inanités, une routine améliorée, une affluence d’expressions dans fo rce, quelques mouvements authentiques presque accidentels et, voilà, le tour est joué et nous n’avons guère avancé. A Delhi, le Gouvernement a organisé une parade formidable et l’un des chariots transportait les effigies gigantesques de Douce Mère et Sri Aurobindo, donnant ensemble le darshan au pays tout entier… Et pourquoi pas ? Il y a de la vérité même dans la parodie. Mais ici, rien de signifiant vraiment n’a pu s’établir. La condition de ce corps est suffisamment accaparante, dans le sens où les capacités sont diminuées et entravées et rendent toute tâche presque aléatoire ; je peine de plus en plus dans le jardin de Sri Ganesh et deviens insuffisant – la plupart du temps. Et si je crois, momentanément, me dégager d’une emprise paralysante, c’est pou r me cogner ou tomber par terre le moment suivant ; c’est drôle, aussi – et j’en ris ; mais c’est absorbant. Et j’ai peut -être trop écrit ces derniers temps. Parthy aussi, et sa situation présente, me préoccupent quelque peu : l’atelier de Gold’n’Glass es t plus ou moins en faillite et M.B, qui dépense des dizaines de lakhs pour ses projets de lac autour du Matrimandir, ne donne rien pour payer les salaires de ces nombreux ouvriers qui doivent se contenter de promesses vides ; j’insiste pour que Parthy ne s e conduise pas comme un mouton

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