Un Parcours

pouvais m’en prendre qu’à moi, qu’à un défaut ou une lacune de mon caractère. Il y a eu toutefois une tentative rémédiale indirecte de la part de Colette et René : ils mont encouragé à rencontrer, au moins quelques fois, une psychothérapeute : je me souviens d’une femme placide et longiligne à l’accent américain (portant un nom comme MacDougal ?) qui m’invitait à parler, à m’ « épancher », sans ordre prescrit ; je me suis vite lassé de l’exercice, mais il a probablement contribué à une certaine distanciation, un repositionnement vers une station d’observateur et d’étudiant de la vie et des mouvements et des énergies qui l’occupent et l’animent ; le pouvoir des attachements, de l’attachement en soi, comment il peut conduire à un tel enfer émotionnel que l’on se rue vers la seule issue, qui est violence, violence sur soi ou sur l’au tre. Je me suis mis à l’étude de ces attitudes en nous qui nourrissent la dépendance - la domination, la séduction, l’indifférence, le rejet, la soumission, l’ambiguité, le sens moral et le jugement – et peuvent dévaster une existence, et pour quoi ? J’ai cherché à identifier les conduites qui ne contribuent pas à ces esclavages ou ces démissions et me suis promis de ne jamais refuser, par de la froideur ou de l’opinion ou de la préférence, les besoins d’un autre être. C’est dans cette période assez critiqu e, je crois, que Colette a fait certains choix déterminants pour notre cheminement à venir ; d’une part elle a choisi d’être, avant tout et quoi qu’il arrive, mon amie, de me traiter comme son ami, de se confier à moi et d’être à l’écoute de mes propres or ientations, sans jamais les juger et en faisant de son mieux pour ne pas projeter ses anxiétés, ses inquiétudes ni ses craintes ; et d’autre part, elle s’est engagée dans une nouvelle aventure : elle est entrée en psychanalyse, en

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