Un Parcours

pouvait être assuré du simple fait de sa participation active dans le présent. Ce fut une déception d’abord, puis une occasion d’apprendre à ne rien attendre de personne ; l’on pouvait faire bonne équipe aujourd’hui, et demain se trouver ailleur s. Il en allait de même dans la grande hutte de Sincérité, qui servait plutôt de halte et de refuge temporaire (Savitra y venait par exemple pour écrire en paix son premier livre sur Auroville) ; il y avait de la place pour à peu près cinq personnes à la fois sans se déranger ; ainsi Jean Yves avait pu venir avec sa compagne, Claire, me retrouver pour quelques semaines et prendre contact avec l’atmosphère physique d’Auroville : mais Claire était une personne sceptique, possessive et ambivalente, un peu déchirée entre une ouverture et un besoin émotionnel de lumière et un refus mental très structuré, et Jean-Yves eut fort à faire durant ce séjour - et par la suite . Une jeune femme d’origine italienne, une miniature de femme pleine d’énergie et de conviction, était un jour arrivée pour travailler avec nous et, cherchant où se loger, avait emménagé dans une chambre récemment désertée de la hutte, Vicky. Depuis plusieurs années, sans le décider, je m’étais abstenu de toute relation sexuelle ; cette di mension n’avait pas disparu – d’autant moins que ma nature me rendait susceptible d’’être attiré par un homme comme par une femme et les occasions d’attraction étaient donc doublement nombreuses – mais s’était curieusement retirée à l’arrière -plan, sans doute parce que les priorités de notre situation étaient si chargées d’intensité et de questionnement que la conscience physique en était occupée ; je n’avais depuis longtemps désiré aucun autre corps autrement que dans une impression passagère. Vicky avait déjà fait du chemin avant d’arriver à Auroville ; vive, alerte et révoltée, elle s’indignait souvent de certains comportements et discours à la manière des ardents intellectuels communistes, mais heureusement elle avant assez d’humour pour s’en rendre comp te ; elle travaillait dur, quelle que soit la tâche au Matrimandir, toujours partante pour les « corvées » supplémentaires ; ce fut un soir de mousson que, rentrant tard de

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