Un Parcours
Il reste dans ma conscience physique le sens d’une période riche et harmonieuse et bien habitéé : l’atmosphère du quartier avec sa population mélangée, sans prétentions, acceptant avec bienveillance les besoins et conduites de chacun ; les sourires, qui étaient sans doute inspirés par la beauté discrète de Colette et sa simplicité retenue… ; il y avait dans les yeux de cet enfant, sur la phoographie de moi marchant à peine, la joie d’être : joie dêtre qui au long des années s’est séquestrée. J’étais vraiment bien en touré, tous étaient des êtres intègres, sans religions ni volontés de convaincre, respectueux de la liberté de chacun ; il y avait toute une mouvance – soi-disant intellectuelle de gauche, avec Jean-Paul Sartre, Jean Genet (qui venait souvent s’asseoir dans notre logis et m’engager dans des conversations qui ne soient pas « bêtifiantes », comme il disait), les amis Algériens comme Salah, qui adorait Colette ou la révérait, des amies proches de Colette, femmes indépendantes et vives (je m’avançais toujours sur le palier pour regarder l’une d’elles descendre les marches avec sa grande jupe plissée virevoltante, c’était un spectacle plein de contenu), quelques artistes aussi…
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