Un Parcours
le passé de chacun, contribuaient à nos tensions et nous n’étions pas assez nettoyés, ni éclaircis pour bien reconnaître les bouffées, les mouvements d’une conscience future, d’une conscience de vérité, et y adhérer. La présence de Mère, l’existence de Mère, le chemin de Mère, était tout pour moi et, dans le quotidien, seuls le Matrimandir et la vie de la Nature, la beauté de la Matière, me comblaient. C’était la saison chaude, le mois de Mai déjà, ce mois que l’on réfère à Agni, et nous dormions souvent sur le toit de la maison ; nous écoutions et sentions les mouvements de cet enfant, qui changeait souvent de position et ne semblait pas timide. Agni, oui, cela avait à voir avec Agni ; serait-ce un garçon ? Peut être pas. Son activité devint si intense que D.P. crut qu’elle serait en avance, puis tout se calma. La nouvelle chambre était prête, orange et paisible et lumineuse. D.P. s’y sentait bien. Comme elle avait déjà enfanté trois fois, nous ne sentîmes pas le besoin de vérifier quoique ce soit mais, dans la communauté, Myriam, sage-femme, se tenait prête et Aruna, notre amie et voisine, nous assisterait. J’aurais aimé que l’on puisse disposer d’un bassin assez grand pour que l’accouchement se fasse dans l’eau, mais, à défaut, je m’étais procuré une grande bassine en métal, assez haute, pour y plonger l’infant une fois « né ». Le matin du 27 Juin, peu après 8 heures, D. me prévint, dans le jardin, qu’elle perdait ses eaux ; elle était souriante, sans tension ; tranquillement nous nous installâmes dans la chambre et j’envoyais prévenir Myriam et Aruna qui bientôt nous rejoignirent ; ce fut rapide, juste avant 9 heures, la tête sortit, puis le cou et les épaules, puis tout le corps, que Myriam tint devant D. ; nous attendîmes quelques instants pour trancher le
199
Made with FlippingBook Digital Publishing Software