Un Parcours
observations avec ses « patients », qui lui gagnaient un respect croissant, dont elle s’étonnait – n’ayant aucune culture préalable. A chacune de ses venues, elle chargeait ses valises de cadeaux divers et de certaines choses (cahiers, livres, objets) que j’avais laissées mais qui pourraient m’être utiles. Tous mes amis lui faisaient la fête et elle aimait de plus en plus Sincérité et le Matrimandir, où elle venait nous aider chaque jour, quel que soit le boulot. Elle était heureuse que son travail se traduise par ces développements sur la terre d’Auroville, cela lui donnait plus d’élan et d’équilibre dans son besoin de progresser et de grandir et de s’ouvrir ; elle se sentait ainsi enrichie et il me semblait que c’était l’expression d’une possibilité de contribuer au travail d’Auroville sans nécessairement y vivre qui pourrait et devrait se répandre de mille manières, créant ainsi un tissu de solidarité engagée à travers l ’espace et les frontières. De mon côté je le vivais comme un soutien très précieux dans mon besoin d’harmonie et d’autonomie ; j’étais assez sûr de pouvoir me passer de ces privilèges s’il le fallait, et de trouver où que ce fut la présence et la force, d u moment que c’était le chemin de Mère et je n’étais pas enclin à satisfaire des désirs personnels qui m’auraient rendu dépendant de cet apport matériel. Il y avait sans cesse de nouveaux arrivants, certains ne faisaient que passer, d’autres ne savaient t rop de quoi ils étaient en quête et se portaient volontaires quelque temps puis sen allaient, et certains trouvaient une réponse et un sens profond et presque éternel dans la tentative d’Auroville et souhaitaient s’y consacrer. Je reçus aussi les visites de personnes connues dans le passé, pour lesquels il était important de maintenir le contact. Une jeune femme, juive américaine nommée Myriam, fit son apparition, allant et venant entre l’ashram et Auroville, comme à la rencontre d’elle -même ; parfois toute vêtue de blanc, elle nous rendait visite ou venait travailler quelques heures sur le chantier ; il y eut une sorte d’attirance ambigüe, car ses motivations semblaient incertaines ou mêlées d’un mysticisme sensuel qui ne pourrait guère subsister sur ce chemin, mais aussi un engagement, une
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