Un Parcours
fréquence les arroser ou irriguer, les distances à respecter et les affinités. Nous commencions déjà à modeler les terrains qui recevraient ces Jardins extérieurs, tandis que certaines espèces, comme les Plumeria ou les hibiscus et les orchidées, étaient cultivées séparément dans des sections réservées ; des échanges se mettaient en place avec des pépinières d’autres pays et climats, incluant différentes sortes d’herbes et de plantes qui aideraient à stabiliser et enrichir les sols. Et nous apprenions à prendre grand soin du Banyan central, l’ami et compagnon du Matrimandir et le premier habitant d’Auroville : avant l’inauguration d’Auroville, il était là, tout seul dans la grande étendue déserte du plateau, et ses branches et ses racines aériennes étaient chaque jour grignotées par les chèvres passantes, car il se trouvait sur un chemin fréquenté par les villageois qui se rendaient à leurs champs ou de l’autre côté du plateau (plusieurs terres étaient utilisées pour des cultures saisonnières, raggi, cambu, cacahuètes); une dame déjà un peu âg ée, s’était dédiée à sa garde, ainsi qu’à l’entretien et la conduite d’un petit temple dans son bosquet sacré, près de cinq cent mètres plus à l’Ouest vers le village de Kottakarai, réservé à une formation de Kali, la grande déesse combattive. Pour assister la croissance du Banyan, nous apprenions à protéger ses racines lorsqu’elles naissaient de ses branches étendues, en les enserrant dans des fûts étroits de roseau tressé emplis de bonne terre, jusqu’à ce qu’elles atteignent le sol et s’y ancrent, ainsi qu’en érigeant une légère clôture circulaire pour décourager les chèvres aventureuses.
Presque chaque jour, je consignais dans mon journal quelques notes, quelques jalons de ces batailles internes – la lutte constante pour la délivrance, l’abolition de l’ego, la disparition des formations de désir, les variations de l’aspiration, de la clarté, de la joie…
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