Tome 2 Défaire les murs et aller

Onzième samedi

Alors, tandis qu’il y a beaucoup à faire aujourd’hui, j’ai aussi plus de loisir de poursuivre ces lignes, et tu m’as renflouée hier soir, avec ta directe simplicité coutumière : d’abord, en ce qui concerne le format de cette communication et puisque j’ai évoqué celui d’un conte, tu m’as, tout souriant, rappelé que ce conte était déjà là, puisque le soi-disant « spectacle » que nous préparons tous ensemble est en fait une sorte de conte chargé de sens à mûrir en soi pour l’avenir. Puis, en ce qui concerne les prémisses, dans la formation d’une personne physique individuelle, de la pratique du mensonge, tu m’as cité certains exemples que nous avons ensemble rencontré, par exemple de petits enfants au regard déjà menteur, dans des contextes sociaux très rudes, ou d’autres déjà définis par une sorte d’intention interne de dominer leur entourage et prêts pour cela à inventer, manipuler, préméditer, tromper et imiter. Chacun ici a développé en chemin ses défenses particulières contre l’influence ou la contagion du mensonge, de ce qui ment, que ses expressions viennent à travers d’autres, ou qu’elles soient débusquées au-dedans de soi. Mais nous sommes capables de reconnaître le mensonge quel que soit son visage – non pa r quelque effort de scrutin ou d’enquête, mais directement, par un malaise intérieur très spécifique.

L’air est brumeux, chargé d’une bruine froide, et des odeurs de la terre se mêlant à celles de la mer ; on a envie d’aller marcher vite et, l’instant d’a près, de se lover près du brasero – enfin telle

95