Tome 2 Défaire les murs et aller

D’un commun accord tacite, nous ne posons jamais de questions personnelles aux enfants, mais nous leur faisons savoir ou sentir qu’ils sont libres de nous confier ce qu’ils souhaitent à tout moment. De plus, nos conduites personnelles manifestent une liberté tranquille ; nous ne cachons ni n’exposons rien , nous sommes ouverts les uns aux autres sans hésitation ni intrusion et nous exprimons sans ostentation ni réticence ; pour des adolescents en quête de leur propre identité émotionnelle et affective, c’est un environnement humain relativement idéal, où ils peuvent évoluer sans crainte ni honte ni fausse pudeur ni prétention et s’apprendre eux -mêmes à travers toutes les relations potentielles qui se présentent à leur expérience. Car ils observent silencieusement et sans même parfois s’en rendre compte comment nous vivons les dynamiques de nos relations et, surtout, ils notent les possibilités d’expression que procure la confiance mutuelle et le respect inconditionnel – et j’ose espérer qu’ils en retirent une certaine vaillance pour s’orien ter dans leur milieu social et familial avec plus de finesse et de compréhension. Et je vois bien que, sans le chercher, souvent nous brisons des stéréotypes qui leur ont été déjà inculqués, et que ce n’est pas trop tard : ils respirent mieux, par exemple, de constater la douceur et le contentement qui émanent de Yaël et Loïs lorsqu’ils arrivent sur le triangle main dans la main sans y penser.

Bon, maintenant je dois courir à ma classe, j’en ai oublié de rejoindre les autres pour le déjeuner du matin – et je remets à demain tout ce qui monte dans la main qui écrit… (tu vas rire de mon image, je te vois déjà !).

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