Tome 2 Défaire les murs et aller

Plus on tente de progresser dans la conscience physique et corporelle, plus l’on rencontre ce que l’on éprouve comme une terrible, inacceptable injustice – comme la rivière souillée par les déchets de notre égoïsme, l’arbre abattu par la benne mécanique de nos insatiables et aveugles convoitises. Ce que j’écris ici peut apparaître comme un arbitraire raccourci. C’est pourtant un fait : par l’action de la nouvelle conscience, la conscience de vérité, tous nos échafaudages s’effondrent – nos philosophies, nos idéaux, nos religions, nos partis, nos morales, nos psychologies, la plupart de nos règles de conduite et de nos lois, tout devient absurde et presque comique, si ce n’étaient justement les affres et les souffrances, les ruines et les gaspillages qui sont les effets de notre identification à l’ego séparé. Ce que nous appelons la vie, se révèle alors une représentation accaparante mais illusoire et, quand se taisent les remous et nous cessons d’y répondre et d’y adhérer, l’on réalise que tout est, tout existe, et le chemin devant soi est d’un tout autre ordre et d’une toute autre qualité ; la paix et la liberté s’établissent au -dedans de soi, le regard sur le monde se délivre de ses poids. Mais voilà : notre espèce humaine compte à cette heure près de huit milliards de cœurs battants : combien doivent subir et endurer la souffrance, l’angoisse, la douleur, le dé sespoir ? Combien sont-ils, ceux qui sont libérés, ceux dont les yeux s’ouvrent - sur le mystère de demain ? Et il y a autre chose à cette heure, dont nous sommes tous à la fois témoins et agents, que nous le voulions ou non : les forces se disposent en ordre d’action, avec leurs desseins respectifs, partout à la fois dans ce monde simultanément, comme si nous

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