Tome 2 Défaire les murs et aller

Cet après- midi, nous l’avons tous passée dans une seule et même classe pratique : les costumes sont presque prêts et nous devions former un défilé, chacun de nous devenant juge à son tour ; dés le commencement de cette entreprise, Loïs avait opté pour une palette de gris et, au cours des dernières semaines, chaque élève particulièrement (puisque nous-mêmes ne sortons guère de la presqu’île, à part Zeidr lorsqu’elle est appelée pour une urgence ou un enfantement, ou plus rarement l’un de nos « experts » lorsque quelqu’un dans le voisinage est en difficulté technique) avait pour mission de récolter des morceaux de tissu gris, d’un gris ou d’un autre et nous avions bientôt un amas considérable d’étoffes et de bouts et de pièces d’une gamme de gris surprenante. C’est la première fois que nous avons formé visuellement un seul groupe – dix- sept d’entre nous, car nous sommes tous présents à part Gaur et Gan, et les douze enfants, vingt-neuf corps aussi différents que possible, à habiller ; bien sûr nous sommes réunis lors des collations ou de la première heure d’exercice, mais rarement tous à la fois et ce défilé présentait une autre réalité et au cun d’entre nous n’avait encore vu tous les autres costumés. Or Loïs et ses assistants ont accompli, avec chacun de ces corps et tous ces corps ensemble, un travail d’expression de chaque présence remarquablement sensible et très émouvant. Je n’y avais pas songé mais on ne peut traiter un corps relativement âgé comme celui de Cleïm ou le tien et le mien, comme l’on traite celui du Rai ou de Blanche, et là j’ai pu contempler le caractère et l’harmoni e uniques à chaque corps, quel que soit son âge et quels que soient ses soi-disant qualités et défauts ; et l’expérience de faire partie intégrante du défilé, portant la féérique robe gris perle que j’avais déjà essayé e l’autre jour, maintenant ajustée, marchant derrière Améthyste, le buste enserré dans un gris moiré qui devient mille lanières scintillantes

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