Tome 2 Défaire les murs et aller

Dixième dimanche

Ce matin presque au lever du jour, Martin nous a sommés de consacrer une partie de ce dimanche à l’entretien et nous sommes tous mobilisés – et reconnaissants de nous mesurer à nouveau aux nécessités physiques élémentaires ; avant que nous ayons accueilli tous ces adolescents parmi nous, nous vaquions à ces tâches au cours de la semaine, mais nous n’avons pas osé, pas encore osé, y faire participer les enfants et ce nettoyage devenait un peu urgent : il faut déblayer les canaux et les drains, brosser les toits et les auvents, tailler les arbustes et les haies le long des sentiers, aérer la pièce froide et vidanger les fosses et ranger les provisions et passer le chiffon sur toutes les surfaces intérieures, enfin la liste est longue et nous avons de quoi nous dépenser tout le jour, gardant la fin de l’après -midi pour nous rassembler : il y a toujours quelque chose de très satisfaisant, ou comblant et salutaire à accomplir cette sorte de « corvée » qui n’est en réalité aucune corvée mais une offrande et un salu t à la loi d’harmonie. … Déjà la nuit est venue et nous avons bien travaillé – dans le grand confort, en fait, puisque tu avais arrangé avec Yaël de diffuser de temps à autre un peu de musique rythmée, qui donnait envie de danser ; au cours de l’après -midi je me suis retrouvée à la nouvelle roseraie, sous une sorte de bruine qui aidait à bêcher, tout en réfléchissant à toutes ces « nouvelles » qui nous viennent ces jours-ci et surtout à tout ce vacarme mental qui les accompagne ; en fait, de plus en plus s ouvent, j’ai cette impression alarmante, presque suffocante, que la prison mentale s’est renforcée, que la conscience physique de l’humanité entière y est plus violemment enclose, enfermée,

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