Tome 2 Défaire les murs et aller

était- ce une sorte de gaz ou de fumée, quelque chose qui n’était ni de l’air ni vraiment un liquide, et qui propageait de l’angoisse, une angoisse insurmontable, insupportable, qui allait le rendre fou. Pourtant il y avait comme une petite main calme, comme une petite flamme toute droite, qui survivait dans sa conscience, muette, intacte. Mais la tension était alors si grande qu’il se réveillait, et se sent ait envahi de tristesse de n’avoir pas été capable de reconn aître le lieu de la source d’or, un sentiment de défaite, d’échec et d’indignité ; et aussi, en même temps, il éprouvait comme une réalisation adverse ou contraire de l ’actualité de l’enfer, la réalisation que l’enfer est ici, dans notre état humain présent, no tre condition de séparation, d’exilé, de prisonnier. Ceci s’est produit plusieurs fois, avec quelques variations sans conséquence, jusqu’à ce qu’il parvienne à s’endormir avec un besoin éclairci de ne plus être trompé, de garder le contact avec la présence dans son cœur, quoiqu’il arrive. Alors, ce cauchemar insoluble s’est changé en un étrange rêve très détaillé, également de sa demeure, mais d’une autre perspective, comme si toutes les pièces, tous les espaces faisaient partie d’une écorce, ou d’une coque, qu’il devait apprendre à « infuser » ou « perméer » depuis une position autre, une position très heureuse où il était uni à son frère – son frère, son ami, son amant, son secret, son refuge, sa voie, son chemin, tout à la fois. Je relate cette expérience de Martin, assez récente, parce que cela correspond à une impression – plus qu’une impression – de la conscience physique humaine aujourd’hui, qui se trouve comme envahie par la peur, occupée, colonisée, jusque dans les plans sub tils mitoyens, comme Dia et Kayne l’ont observé ces temps derniers ; et cela donne ou éveille une compréhension

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