Tome 2 Défaire les murs et aller

Mais n’est -ce pas, avant tout et surtout, le temps de la révélation, où tout est découvert et mis à jour, tout le bagage de l’espèce humaine, toutes les volontés qui l’ont occupée, dominée, utilisée, stimulée ? Bien sûr, ici comme ailleurs et toujours et en toute circonstance, l’ennemi du progrès est la peur !

La peur : c’est une force insidieuse, qui détruit en profondeur, qui déforme toutes les perceptions, répand le doute et le soupçon, abîme et altère toute l’expérience de la vie et des autres ; si elle

est dirigée – telle une arme -, elle peut conduire à une obéissance abjecte, à un abandon de toute intégrité.

Martin nous racontait, il y a quelques soirs, la leçon qu’il avait fini par apprendre d’un cauchemar répétitif qui l’avait hanté : il se trouvait dans une demeure assez spacieuse, élégante, plutôt bien agencée, qui devait être sa maison, sa résidence, ou sa base physique dans ce monde, et comme sournoisement un malaise peu à peu l’envahissait, alors qu’il éprouvait tout à coup le besoin d’i nspecter toutes les pièces et se rendait compte que, par- dessous les portes, par tous les interstices, lentement et comme inexorablement une eau nauséabonde s’immisçait et pénétrait et commençait de tout recouvrir et de tout inonder, comme une infection d e peur qui montait et montait et tout ce qu’elle atteignait se dénaturait, se pourrissait, se défaisait ; il avait envie de crier, d’appeler et pourtant il savait que c’était inutile, jusqu’à ce qu’il se souvienne de la pièce la plus importante, celle où s e tenait sa source d’or. Mais où, comment retrouver cette pièce, il ne savait plus, il ne savait même plus s’il y avait un ou des étages dans la demeure, il ne reconnaissait plus les portes ni les murs ni les couloirs, toutes les surfaces étaient déformées, était- ce de l’eau sale et viciée,

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