Tome 2 Défaire les murs et aller

Dixième lundi

Le ciel ce matin demeurait d’un gris uni, diaphane, presque exempt de nuances et, si l’on regardait au loin pour trouver l’horizon, on ne pouvait qu’à peine le distinguer de l’étendue océane toute calme et vibrante pourtant et l’heure d’exercice avec les enfants de retour s’est écoulée comme dans une chrysalide feutrée. Puis ce fut l’heure des questions, autour de la grande table commune ; Tohar et Loïs avaient suggéré que chaque enfant rapporte quelque morceau de tissu qui lui conviendrait, par sa couleur, sa texture, son aplomb, en vue des costumes que nous allons confectionner pour notre « présentation » collective (sur le thème du partage, comme je l’ai écrit plus tôt, mais je dois me souvenir que je rédige à présent un second tome !) ; et chacun d’eux a en effet dû fouiller les armoires familiales à la recherche d’une pièce suffisamment grande pour en faire un habit ou même de deux ou trois chutes qui pourraient se marier à leur goût et selon leurs rôles respectifs. Je revois le visage réjoui du Rai lorsqu’il a brandi une longue bande d’un tissu bleu pâle, un bleu lumi neux presque satiné qui invite les étoiles d’or d’un temps souvenu, bien vivant dans ses yeux. Ensuite Tohar a invité les questions du jour ; c’est Violette qui s’est lancée la première : « voilà, on a regardé sur la télévision une sorte de documentaire sur les personnes qui sont les plus riches du monde et ça m’a fait vraiment réfléchir, parce que ces gens ils n’ont l’air ni heureux ni épanoui ni de gens qui ont réalisé quelque chose de vraiment bon ; au contraire, c’est comme si tout cet argent pesait sur le monde au lieu de l’aider à s’harmoniser et j’ai senti comme si ils étaient aussi prisonniers de

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