Tome 2 Défaire les murs et aller

sur le sol des plateaux de fibres tressées couverts de tartes chaudes dont les effluves mêmes éta ient nourrissantes, ainsi que des coupes emplies d’un breuvage complémentaire.

Le moment était presque là.

Tous et chacun sentaient une pression au-dessus de la tête, douce, ferme, le contact avec Cela qui aime et qui sait ; cette pression était sans inflexions, calme et si profondément rassurante.

Ils se nourrirent, paisibles, confortés et reliés.

La nuit était fraîche ; l’un d’eux bientôt se releva pour chercher un grand pot de terre cuite façonné comme un cube, empli de bûchettes et de brindilles, qu ’il posa juste au milieu du cercle et, tenant un brandon à la flammèche de sa lampe, enflamma ; il y eut d’abord des crépitements et des étincelles, puis le feu s’établit ; une voix s’éleva : « c’est comme çà, de l’instant où le contact s’établit, il n’y a plus rien à vouloir, rien, absolument rien, car il faut seulement se donner et recevoir : c’est comme cela que la vérité peut s’incarner dans le monde, quand on cesse de vouloir séparément et se donne entièrement… » Une grande joie silencieuse parcourut leurs corps, cette même joie que livre la gratitude : la clef leur était donnée, la clef du travail à venir, où qu’ils soient ils ne pourraient plus l’oublier, le chemin leur serait révélé pas à pas ; le vrai est simple, car il contient et inclut tout ce qui est ; le monde nouveau est le vrai monde qui se dévoile.

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