Tome 2 Défaire les murs et aller

Ils s’ébrouèrent comme des enfants, se levèrent en dansant et Sva nil entonna un chant de marche et Blanche et le Rai s’engagèrent les premiers sur le sentier qui les conduisit à la grande demeure – l’un sortit sa flûte et l’autre son harmonica et plusieurs voix se joignirent sans pourtant altérer le calme des bois. Il faudrait préparer un grand souper, le plus raffiné et le plus excellent de tout leur inexplicable séjour, qui serait leur hommage et révérence à cette atmosphère attentive et généreuse qui les avait reçus et soutenus.

Traversant les bois et les fourrés chargés de baies et de mûres dont certains remplirent des foulards, ils rassemblèrent des branches mortes pour les fours, ainsi que des champignons comestibles ou de la rhubarbe et des épinards sauvages, car ils songeaient tous à faire des tartes pour ce dernier dîner.

Ils allèrent ainsi sans hâte ; à mesure qu’ils s’approchèrent de la grande maison sans nom, le mouvement interne de se concentrer, comme un besoin, affleurait en chacun d’eux. C’était comme s’ils se rendaient à une fête intérieure, une fête importante dont il fallait être digne. En chacun d’eux se formait une même question, qui n’avait pas de mots, qui se suffisait, une question tout à fait vivante et concrète : cette expérience qu’ils avaient livrée et confiée mutuellement à la garde de ces autres ici rencontrés et reconnus comme membres d’une seule famille libre, pourrait -elle se produire simultanément en eux tous, et était-ce même souhaitable – puisque sa vérité ne pouvait s’obtenir par la volonté personnelle ni par aucun désir égocentré ?

Pouvait-il se produire une synchronicité dont ils seraient tous conscients ?

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