Tome 2 Défaire les murs et aller

Troisième épisode

Plusieurs jours et plusieurs nuit s’écoulèrent, aucun d’eux n’aurait su dire combien. Il y avait seulement, ou surtout, l’impression croissante d’un travail à faire, d’un service au- devant d’eux.

Un jour, ils sentirent qu’il leur fallait tenter d’exprimer l’appel qu’ils percevaient tous, ou plutôt d’exprimer la nécessité d’y répondre, de discerner comment y répondre ; il n’y avait pas de raison apparente, aucune pression extérieure ne s’exerçait, les lieux demeuraient imprégnés d’une tranquillité gardienne, mais depuis q u’ils avaient tous pu verbaliser cette expérience interne qui jusqu’alors avait été leur secret personnel, et que ce faisant ils avaient découvert son objectivité, ou son universalité, le sentiment avait mûri en chacun d’eux d’une sorte de nouvelle responsabilité. Le soleil était au zénith. Sans savoir pourquoi ni comment, ils se retrouvèrent tous réunis dans une clairière abritée par les bois. Ils s’assirent. Tocsin prit la parole : « j’ai cru me souvenir du temps où, dans le ventre de ma mère qui m’avai t accueilli, un cordon vivant me reliait à un organisme complexe qui me nourrissait, me préparait et m’équipait pour ma rencontre de ce monde tel qu’il est, et j’ai alors senti que cette expérience qui nous unit, d’un canal de lumière et de présence qui vibre au-dedans, est pareille à un cordon de

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