Tome 2 Défaire les murs et aller

Et voilà Le Mont : « il y avait toujours l’impression d’un manque, que tout le monde s’animait dans un milie u dont on ignorait la source et les fondements, tout le monde était là, oui, tout au long de leur vie, mais dans l’ignorance, même si on savait et apprenait beaucoup de choses et si on essayait bien de se conduire de manière responsable, à la moindre faille on était perdu, tout ce savoir engrangé ne servait à rien ; alors, c’était comme si je trouvais en moi un coin tranquille où poser la question, qu’est - ce que c’est, qu’est -ce qui soutient tout ça, et pourquoi ; avec la nature, les arbres, les animaux, pa rfois d’autres enfants pour un instant, il me semblait capter comme une onde, mais c’est en retournant encore et encore dans mon petit coin tranquille que j’ai commencé à percevoir comme un autre souffle silencieux, qui éclaire tout du dedans, et avec le temps qui passe et les circonstances qui changent ce souffle lumineux est devenu plus important, plus central, plus secret aussi, c’est cela qui m’oriente et me donne du sens, c’est concret, c’est plus sûr que tout, ou presque tout ce que j’apprends – je dis, presque, parce que cela arrive de rencontrer des êtres qui sont ainsi reliés, leurs yeux sont éveillés, c’est rare, c’est si rare, mais on peut croire parfois que, comme çà, tout le monde un jour va aussi s’éveiller… » C’est au tour de Loïs à présent : « tout petit déjà je sentais la tension, comme chacun devait se conformer à une image, comme chacun s’en préoccupait ou s’y soumettait, les adultes empêtrés, les enfants jugés déjà, et j’avais du mal avec ces opposés, fille et garçon, mort et vivant, parf ois j’avais des émotions et des désirs que je n’étais pas supposé connaître et parfois je ne parvenais pas à sentir ce que j’étais supposé sentir et en grandissant et côtoyant de plus en plus de gens, adultes, enfants, adolescents, il m’apparaissait que la plupart d’entre eux étaient esclaves de l’image qui leur était attribuée ou qu’ils souhaitaient eux - mêmes remplir avec leur comportement et leur vie et je cherchais toujours une issue, et quand je suis devenu adolescent, à la puberté, j’ai choisi d’exprim er,

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