Tome 2 Défaire les murs et aller

d’importance, un jour cela se partagerait, pas maintenant, pas encore ; de toutes manières ce n’était pas bruyant, ni démonstratif, c’était mon foyer de joie tranquille, comme quand on est sous l’eau et on se place sous un rayon de soleil, c’est direct, concentré et diffusé à la fois, c’est comme un ascenseur, on peut s’y élever, on sait qu’il faut être patient et généreux, que le monde tout entier est uni, même si c’est encore un secret… ! Ce n’est qu’aujourd’hui, q ue je reconnais en d’autres la même présence, c’est un grand bienfait… » Voici Jul, maintenant : « très tôt, dans la petite école déjà, j’avais le sentiment d’être immergé dans une condition très pénible, quand je voyais et sentais les hostilités, les mauvais jeux, la cruauté de certains enfants, ou bien la couardise, la vantardise, les petits mensonges, j’étais comme paralysé, qu’est - ce que c’est que cet état ?, surtout quand j’étais témoin de la misère dans laquelle des gosses pouvaient pousser tel enfant un peu handicapé ou plus lent ou plus lourd ou moins bien nanti que les autres et ces corps auxquels il manquait quelque chose que les autres possédaient sans effort, je sentais leur détresse ; petit à petit j’ai choisi de m’appliquer à pallier pratiquem ent à ces manques ; j’éprouvais le besoin de rendre sa dignité à chaque corps, quel que soit son état ; je sentais que chaque corps a le droit et la possibilité de se relier, comme verticalement, à une grandeur, au- dessus, une grandeur d’existence, au rega rd de laquelle toutes nos simagrées me faisaient honte ; ainsi j’ai voulu apprendre à créer des aides, des instruments, des objets, qui selon les besoins de chaque corps lui permettraient de progresser, de s’harmoniser, se renforcer, s’unifier, et toujours je retourne à une certaine position dans mon corps, libre des dimensions, où je reçois de l’aide, comme un courant de lumière invisible, et je crois que chaque corps, chaque individu physique qui respecte le corps, peut trouver aussi cette position… »

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