Tome 2 Défaire les murs et aller

C’est à Tan de nous dire : « je n’ai pas de mauvais sou venirs de mon enfance, j’étais plutôt ce qu’on appelle introverti, j’écoutais, observais, je sentais toutes sortes de pulsions, je crois que j’étais plus à mon aise dans la nature qu’auprès des gens, adultes ou enfants ; mais ce n’est qu’avec l’intrusion de l’activité mentale que j’ai commencé d’éprouver un manque, une coupure, une aliénation, ça me tourmentait, c’est la musique qui m’aidait le plus ; l’adolescence est un endroit difficile, je me sentais réduit, englué, comme une noyade, il y avait quelque chose au-dessus qui pressait ; un jour l’écran s’est troué, pour un instant je suis retourné là où tout est Une seule conscience, il n’y a pas de mots ni de pensées pour l’exprimer ici, tout est pareil, mais tout est vrai, tout est plein ; quand on a émergé là, même une seconde de notre temps, on ne peut plus croire ni adhérer à la vision de la cage, on comprend les choses et le monde autrement et on a une sorte de honte de ne pas être capable de rester là, au-dessus, de céder encore à la traction de la condition ordinaire en trois dimensions ; alors on cherche le fil, la main, le moyen du changement ; ainsi peu à peu, dans le corps même, je suis devenu conscient d’un passage, comme un fût de lumière qui relie les deux réalités, et qui travaille au changement, avec douceur mais sans indulgence, qui ouvre et fait avancer ; avec ma compagne, nous avons beaucoup voyagé, par nos arts essayé de communiquer, rencontré beaucoup de détresses et d’espoirs et de courages et de peurs, et toujours il y a cette coulée de présence qui rassemble et met tout à sa place et déblaie le chemin pas à pas… » Et L’Archer, écoutez -le : « je n’en ai jamais parlé à personne : d’abord je ne me rendais pas compte que les autres ne connaissaient pas le même espace intérieur ; puis, par leur comportement dans la vie normale, c’est devenu évident et aussi que je ne serais pas compris si j’essayais et à quoi ça servirait ?; on me considérait comme un enfant sensible, peut-être trop sensible, il y avait comme un malentendu de tous les côté s, mais j’ai appris que cela n’avait pas

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