Tome 2 Défaire les murs et aller

aventureux et audacieux et tentait différentes entreprises dans la ville voisine ; il m’y emmenait souvent et aussi il avai t trouvé le moyen de me faire accepter par des tuteurs parce que je m’intéressais à tout et j’étais prompt d’entendement ; comme ceci j’ai été très tôt en rapport avec plusieurs avenues de connaissance et de pratique et lorsque je revenais à la maison et constatais la pauvreté des matériaux dont mes parents disposaient pour leur travail d’enseignants, je trouvais ça révoltant ; c’était le début de l’internet et j’avais appris avec l’un de mes tuteurs à m’en servir sur son ordinateur et ce rêve d’une vaste b anque de savoirs toujours plus détaillée et complète rendue accessible à tous m’enthousiasmait ; que chacun puisse avoir accès à toutes les connaissances dans tous les domaines et développer sa propre compréhension du monde et sa propre conduite, cela me semblait un grand pas en avant et je voulais le concrétiser au plus vite dans ma région ; de proche en proche, cet engagement m’a fait voyager, jusqu’à ce que je réalise que cette grande possibilité était rapidement accaparée par les promoteurs et profiteurs de la communication et de la satisfaction instantanées, et la pollution qui en a résulté m’a poussé à me retourner : ce n’était plus un service de la vérité et du progrès des consciences, mais une exploitation ; alors le besoin a grandi, j’ai appris à me concentrer, j’ai retrouvé l’appel et la prière et, je ne sais comment, la présence et son action, ici, dans mon corps et ma vie, un conduit concret, indépendant des hommes et de leurs désirs, une force de devenir, ici, et c’est devenu ma seule certitude… » Et Violette, la voici : « toujours, je sens que je ne sais rien, j’apprends bien tout ce qu’on me dit, mais ce n’est rien, j’ai la peau blanche et les cheveux noirs et je suis jolie et j’aime les miens, mais je sais que je ne sais rien, alors je retourn e à mon poste et j’écoute et je sens, là, au -dedans, là où çà sait, où çà voit, où ça coule sans mouvement, sans histoire, et là je suis bien, je ne suis plus séparée, voilà ce qui compte pour moi… »

174