Tome 2 Défaire les murs et aller

d’étape en étape auprès de maîtres différents ; de ma mère j’avais déjà une maîtrise de la voix et du souffle et de mon père une lucidité qui toujours cherche et questionne en quête de certitude inconditionnelle ; mais une fois exposée, laissée à mes propres ressources, j’ai eu besoin de retrouver comme une sensation intérieure d’une transcendance, quelque chose de similaire à l’énergie qui se déplace de centre en centre - comme ma mère me l’avait montré en m’apprenant à déplacer le souffle, à le diriger subtilement d’une station à l’autre, y mariant la voix -, mais qui agissait autrement, tout à fait autrement, à la fois comme en-dehors et au centre même de tout ce qui est, un flot, un flux immobile et conscient de tout, un flot invisible qui embrasse et donne sens ; à travers tout, d’un lieu à l’autre et d’une situation à l’autre, cela est devenu ma force de cohésion invisible, mon nectar et mon chemin – et je sais que ce n’est aucunement « personnel », que c’est l’Un… » Et Ruffian, entendez-le : « je crois que même tout petit, j’étais un peu batailleur, l’impression d’être trop serré, comme ligoté, ou comme si on m’ob ligeait à porter quelque chose d’étroit et de lourd et d’encombrant, d’inutile, alors je me débattais, sans raison, pour un rien, mais il y avait toujours des moments, je ne sais pas comment, n’importe quand, où tout d’un coup je sentais quelque chose de d roit et de vrai, c’était un peu comme une épée magique, qui créait automatiquement du bien- être, et c’était là, l’affaire de personne d’autre, sans mots ni explications, il suffisait de se reculer juste un peu, et de toucher ça, qui est infini, qui est là , alors c’est comme ça que je me calme dans la vie… »

Et voici le tour de Vrit : « mes parents étaient tous les deux instituteurs dans l’école la plus proche de notre village et ils ne voulaient pas que j’y étudie ; avec un oncle qui s’était attaché à moi, ils avaient fait en sorte que j’apprenne d’abord à lire et écrire en deux langues, à la maison ou avec cet oncle, qui était assez

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