Tome 2 Défaire les murs et aller

inexplicablement profondément plaisant et rassurant et puissant, sans violence ni insistance, enfin c’était tout ça et plus encore mais ça ne durait pas, ça venait, se faisait sentir, puis se retirait, ou bien mon attention était emportée au-dehors ; en fait, c’était comme si au lieu de mon « moi » habituel, c’était un « moi » plus grand, libre, au-dessus, souriant mais ferme et connaissant ; et ce n’est que plus tard, après de n ombreux épisodes, que je me suis rendu compte que ces moments de pression m’avaient guidé, tout à fait pratiquement, vers ce qui prendrait sens et, par exemple, c’est parce qu’il y a eu cette douce pression sur ma tête lorsque j’ai rencontré un musicien compositeur à une ta ble de café avec des camarades, que j’ai fait plus attention et que cette rencontre a pu, je crois, m’ouvrir tout un champ de progrès… » Quant à Améthyste, voici ce qu’elle raconte : « depuis que je suis toute petite, ce dont je me souviens en tout cas, j ’ai du mal à me « former », comme on dit, à devenir comme ceci ou cela, avec telle ou telle qualité, tel ou tel trait, comme on peut décrire quelqu’un qu’on croit connaître, et déjà physiquement, je suis déjà assez typée, mais c’est comme s’il fallait s’ha biller au-dedans, choisir des habits qu’on ne pourrait plus changer pour trouver sa place dans le monde avec les autres, et il y a dedans moi comme un refus, ou un écart, à quoi ça rime, je me demandais, j’avais besoin de me rattacher à quelque chose de pl us grand, qui est vraiment, qui n’a besoin d’aucune approbation ni d’aucun regard extérieur, et peu à peu j’ai commencé de sentir comme des traces de présence là où personne ne peut voir ni entrer, comme un filet d’or, qui me parlait et me tirait au-dessus , où il n’y a pas de limites mais où tout est pourtant à sa place, enfin ce n’est pas très réfléchi ce que je vous dis, mais c’est devenu pour moi, sans que je m’en rende compte, le mouvement qui me ramène toujours à ce qui EST, je dis ça en majuscules, en comparaison de tous ces déguisements qui durcissent et nous emprisonnent… »

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