Tome 2 Défaire les murs et aller

Souvent vers le soir l’on ramenait de ses excursions et forées, ou de ses contemplations, une racine séchée en forme d’oiseau, une guirlande de cosses entr’ouvertes sur leurs graines écarlates, un dessin sur un lambeau d’écorce, quelque signe de ses aventures que l’on fixait ou attachait sur l’un des murs de la salle commune, et il fallut même ériger quelques étagères et tringles pour accommoder toutes les trouvailles.’ (Au cours de cette période indistincte, leurs expériences les uns des autres s’ enrichirent de bien des façons et ceci sera illustré par plusieurs tableaux vivants ; l’on verra ainsi un tableau de la danse vrillée de Sémion, accompagné par Blanche, Gomat et Svanil ; on découvrira à plusieurs reprises et toujours à l’improviste la prés ence inarticulée de douze guerriers-témoins-serviteurs, tels des assistants du chemin toujours prêts à intervenir, hors du temps et dans le temps à la fois, chacun portant une coiffe conique aux couleurs de l’arc en ciel ; et l’on assistera à une fête spontanée, durant laquelle chacun d’eux vêtit les autres à l’aide de chiffons de couleurs et de textures variées, tous cherchant ainsi à révéler la beauté unique de chaque présence… ) Leur expérience respective du monde n’était pas effacée, mais de ce qu’ils avaient pu en apprendre et comprendre ils se sentaient comme distanciés ; un autre apprentissage, une autre compréhension s’offraient à eux, et ils constataient chacun avec reconnaissance et une sorte de stupéfaction confondue que, tous ensemble ainsi réun is, d’âge, de genre et de couleur et de passé différents, mais conscients d’un même éveil, représentaient la place, le rôle, la fonction et peut- être aussi le destin de l’humain dans l’univers.

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