Tome 2 Défaire les murs et aller

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Plusieurs jours s’écoulèrent, combien ni lesquels, ils n’auraient pu le dire ; ils n’avaient ni montre ni radio ni téléphone et aucun ne se souvenait de la situation dans laquelle on avait pu l’endormir. Ils avaient sans hâte exploré la demeure et ses alentours ; tout leur semblait avoir été longtemps inutilisé, sans toutefois avoir été délaissé, mais que penser ? Ils n’avaient pas tenté de voir ce qui pouvait se trouver de l’autre côté de l’enceinte de pierres tout autour du domaine et ne s’en étaient même pas approchés. Conversant les uns avec les autres, ils avaient pu s’assurer mutuellement et confirmer un certain nombre de choses : s ’ils se souvenaient tous de leur vie passée, ils n’en éprouvaient aucun manque, ni regret, ni nostalgie, tandis qu’aucun d’eux ne pouvait se souvenir de pourquoi ni comment cette disparition s’était produite ; tous ressentaient une sorte de besoin inexplicable de respecter l’expérience qu’ils vivaient à présent, de veiller à son intégrité, chacun avec ses propres formes de penser et de sentir ; aucun n’avait de suggestion crédible quant à ce qui pouvait être attendu d’eux, à quoi et à qui pouvait servir leu r abduction, ni quant à la localisation possible ou vraisemblable de leur résidence ; ils auraient aussi bien pu se trouver sur une autre planète, bien que tout ce qu’ils avaient observé, touché, senti, vu, humé, entendu, deviné, que ce fut dans les nombreuses pièces au mobilier dépareillé, ou dans le parc et les restes d’un verger et d’un potager, leur semblait tout à fait terrien et naturel, sans équivoque. Du plus jeune au plus âgé, ils avaient tous et chacun le sentiment clair d’une sorte d’engagement q ui résonnait au- dedans d’eux, sans mots, sans références, et cela agissait comme un guide muet.

Il y avait une sorte de reconnaissance.

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