Tome 2 Défaire les murs et aller

Deux ou trois d’entre eux ouvrirent la grande porte d’entrée et s’avancèrent sur le large perron de pierre pâle surplombant une sorte de jardin ensauvagé et, à une courte distance, identifièrent un hangar et des remises. Quand la clarté du jour commença de décliner, quelques-uns essayèrent d’activer des commutateurs logés auprès des portes, en vain, jusqu’à ce que l’un deux, un homme un peu trapu, aux gestes très mesurés et précis, localise un disjoncteur central non loin de la vaste cuisine ; ainsi purent-ils allumer quelques ampoules de faible intensité. A la nuit tombée, comme d’un commun accord, tous se rassirent sur leurs lits, et se regardèrent : aucun d’eux ne reconnaissait personne parmi les autres. Au cours de leurs allées et venues impromptues, comme par inadvertance quelques paroles avaient été prononcées, des exclamations, ou des questions qui n’attendaient pas de réponse immédiate ; assez, cependant, pour réaliser qu’ils pouvaient communiquer dans une langue comm une, même si leurs accents et leur usage des mots différaient.

Une fois tous assis et posés, un long silence s’établit.

Alors un homme mince et délié à la peau mordorée leva la main et, lentement, distinctement, proposa que l’on déplace tous les lits en c ercle, de manière à ce que chacun puisse voir tous les autres à tout moment. Sans un mot, tous se relevèrent et il y eut un mouvement général jusqu’à obtenir ce cercle qui laissa, après plusieurs rectifications, un espace libre au centre et assez de marge entre les lits pour pouvoir circuler sans encombres.

Sur chaque lit à un bout était pliés deux couvertures et un drap et, à l’autre bout, placés deux oreillers.

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