Tome 2 Défaire les murs et aller

Il ne s’agit pas ici de la majorité de ceux qui, n’ayant ni le développement intellectuel, ni les moyens économiques, ni le soutien d’une sagesse collective encore vivante, qui leur permettrait d’affirmer leur droits de s’informer et de choisir, sont contraints d’obéir et de se conformer sous peine de perdre leur boulot et leur carte d’alimentation et de mettre les leurs en danger ; on ne peut le leur reprocher et il est probable qu’ils demeurent plus libres au- dedans puisqu’on n’exige pas d’eux leur croyance mais seulement leur obéissance extérieure. Nous avons ainsi regardé plusieurs documentaires sur des régions du monde que nous avons autrefois parcourues, où les comportements ne sont pas si indignes : des marchés ouverts, par exemple, où se pressent des foules de femmes, et celles qui portent un masque l’ont cousu en un tissu de couleur assortie à celle de leur blouse, par exemple, et si pauvres soient-elles, un fier sourire demeure vibrant dans leurs yeux. Tout à l’heure j’avais rejoint Kayne dan s la grande cuisine pour préparer la boisson chaude – et nourrissante – de la journée ; tout en travaillant côte à côte, il m’a d’abord dit avec force combien il était soulagé que nous soyons prêts à lancer nos « ballons d’énergie pure » dans l’atmosphère, comme ces flocons de certaines plantes qui emportent les graines là où les mène le vent – car, dit- il, il est grand temps… Quand nous avons fini de tout disposer sur la grande table, nous nous sommes servis chacun un grand bol et assis sur les bancs, face à face : son visage était très concentré, il avait besoin de parler, de livrer. Voici à peu près ce qu’il a dit : « j’hésite toujours à parler de ces choses, parce que je n’ai pas les capacité s pour prouver ce que j’aurais à dire, mais la situation évolue très vite et il faut quand même essayer de décrire ce qui se passe pour aider à s’orienter ;

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