Tome 2 Défaire les murs et aller

Douzième dimanche

Quelquefois j’éprouve si intensément la bénédiction que des larmes surgissent.

Pourtant, ces temps du monde sont bien troublés et nous peinons tous dans nos corps, chacun à ses manières, même Sémion qui a des rages de dents, même Gomat avec des hémorragies, ou Zeidr avec des sautes de tension plus fréquentes, nos corps reçoivent les disharmonies et les déséquilibres qui affectent l’atmosphère terrestre, mais aussi, semble-t-il, le courroux de ces forces auxquelles nous échappons, que notre expérience désarçonne et dévalue. C’est dimanche et nous avons à faire, mais sans horaires fixes et sans charges et, dés l’aube, nous nous sommes retrouvés, sans mots ni tensions, dans le besoin d’être à l’écoute, de s’ouvrir, d’apprendre à percevoir, d’apprendre à laisser la conscience agir… Et c’est presque deux par deux que nous nous sommes réunis sur le triangle, devant l’infinité puissante naissant au jour : j’ai remarqué cela, comme on remarque le mouvement des grains de pollen ou des ondes glissant à la surface d’un lac immobile, Loïs et Yaël, toi et moi, Kayne et Dia, Cleïm, Gomat et Sémion, Jen et Jul, Vrit et Martin, Zeidr et Tohar, Fran et Svanil… Gaur et Gan encore absent s, nous rendrons bientôt visite et j’ai quelque hâte de les écouter directement, de nous mettre à jour physiquement… et ces couples et ce trio pourraient se modifier, sans la moindre hésitation, sans le moindre regret, parce que nous avons acquis ensemble le sens d’une circulation commune et d’une sorte de sécurité émotionnelle pleinement partagée.

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